samedi 15 décembre 2012


Le Profil du dépendant à l’exercice physique (le bigorexique)         

 

  Il est dépendant d’un loisir sportif qualifié de drogue positive pour certains, mais il peut-être dévastateur pour d’autres.  La seule mesure positive dans l’exercice physique se trouve dans un certain équilibre. Le bigorexique devient obséder par sa pratique sportive et son rituel le plonge dans un vide existentiel .  Bref, il vit un déséquilibre physique et psychique important.  Donc, son assuétude prend forme à travers un cercle vicieux pouvant le conduire vers un mal-être individuel et collectif. Sa problématique majeure est sa piètre image de lui-même et son illusion de devenir l’image parfaite par la forme physique.

Son but ultime est d’avoir le corps idéal ou la capacité physique qui dépasse les standards soit qui atteint une performence jamais égalée.

   Les individus dépendants à l’exercice physique font leurs pratiques non pour eux-même, mais pour être reconnu des autres.  Le fait d’être admirer par son prochain, leurs procurent une énorme satisfaction. On peut dire qu’ils ont le complexe d’Adonis comme le disent si bien les spécialistes en la matière. Le dépendant à la forme physique s’impose comme étant un individualiste, car son désir et son plaisir personnel sont avant tout à satisfaire comme le toxicomane avec sa substance.  Son plus grand orgasme est d’être admirer. Bref, il est le nombril du monde et son image prend toute la place et sa personnalité baigne dans un narcissisme grandissant.

 
  Il est un dévot du culte du corps et son corps devient un culte en soi et celui-ci est le véhicule identitaire qui le mène à un certain bien-être. Il est bien sûr éphèmère, car la peur de viellir est son obsession perpétuelle et il peut s’en alimenter à travers un courant social qui existe en ce sens.  La bigorexie favorise une attention et une concentration particulière et excessive sur l’univers corporel où la jeunesse éternelle devient l’imaginaire personnel et social de la personne atteinte. La vulnérabilité du corps du dépendant est prise en charge par une discipline de la perfection où l’activité physique, l’alimentation saine, le dopage, l’hygiène et les soins esthétiques sont devenus des rituels au culte du corps. Pour le bigorexique,  le corps est son identité profonde, car son image et son apparence s’imposent comme un nouveau mode d’expression, de séduction, de performence, bref de relation.

 LES CARACTÉRISTIQUES DU DÉPENDANT

 Pour certains, le fait de passer d’une dépendance négative à une dépendance positive est une bonne façon de faire pour réduire l’inconfort des individus au prise avec une assuétude de consommation de substances psychoactive licite ou illicite. Dans le langage thérapeutique, il est question d’un transfère de dépendance. En ce sens , il y a des pours et des contres, mais un dépendant reste un dépendant. Il faut s’entendre que les droguer du sport ne sont pas tous des ex-droguers, des outremangeurs ou autres. Peu importe l’objet de dépendance, c’est le comportement du sujet qui devient problématique soit par une influence multifactorielle biopsychososiale. En principe, notre dépendant à l’exercice physique adopte une attitude toxicomaniaque avec son activité au même type que le toxicomane avec sa substance. Donc, on peut caractériser la bigorexie comme dépendance négative, car il existe un déséquilibre dans le comportement de ce type de dépendant. Maintenant, prenons connaissance de sa personnalité, de son rituel, de son assuétude et surtout de sa souffrance.

 
Comme dans toutes les formes de dépendances, le dépendant à l’exercice physique possède une personnalité faible, c’est à dire qu’il a régressé au stade oral-narcissique. Il croit à son immortalité et à sa toute puissance. Il y a chez lui, une forte incidence de pensée magique. Il retourne son agressivité contre lui-même, plutôt que sur les autres. Par l’exercice physique, il fuit une souffrance psychologique intime, son angoisse face à la vie. Il est facilement charmé par le court terme ; il n’est généralement pas capable de différer la réalisation de ses désirs. Plus le besoin est grand, plus l’urgence de la satisfaction se fait sentir. Il recherche un soulagement rapide de la tension par l’exercice physique à outrance.

 
                                     PERSONNALITÉ TYPIQUE DU DÉPENDANT

 
     ·      Il possède une identification difficile suite à des expériences difficiles ou traumatisantes.

·      Il cherche à fuir l’environnement.

·      Il démontre un rejet passif du système des valeurs.

·      C’est une personne angoisée-frustrée.

·      Les références morales ne sont pas très fortes chez-lui.

·      Il est gouverné par l’occasion et le caprice.

·      Il est dominé par l’insécurité.

·      Il possède un moi faible et inconscient.

·      On dit qu’il a des traits de personnalité ¨ border line ¨.

·      Il est agressif. (Agressivité retournée contre lui-même )

·      Il est incapable de supporter les difficultés.

·      Il se distingue par son mode de passage du désir au plaisir.

·      Il est passif et dépressif.

 

   Alors, voilà le profil du dépendant dans son ensemble avec les principales caractéristiques de  son vide intérieur soit sa souffrance existentielle.

 Donc, c’est dans le but d’éviter la souffrance qu’il s’enfonce de plus en plus dans sa forme de dépendance pour tenter de combler son manque et son besoin de soulagement. C’est dans son rituel d’assuétude que le dépendant atteint une certaine forme de transcendance qui est une illusion de libération. Par le fait même, il se voit pris au piège et ne voit pas le jour de s’en sortir.

En fait, il est dans un confort connu qui le mène à se détruire davantage. Bref, le dépendant à un besoin démeusuré de réactualiser son objet de dépendance, car c’est son unique façon de composer avec la réalité et dans ses rapports avec les autres. Son univers affectif est en carence et c’est pourquoi il a de la difficulté d’entretenir des relations significatives.

                                                                                                                                                    
1¨ Toute clinique de la dépendance est susceptible de se développer alors comme une défense contre la dépendance affective perçue comme une menace pour l’identité du sujet et une aliénation à ses objets d’attachement. C’est une clinique où le sujet essaie de substituer à ses liens affectifs relationnels, vécus comme d’autant plus menaçants qu’ils sont plus nécessaires, des liens de maîtrise et d’emprise. Il s’agit d’introduire entre le sujet et ses possibles attachements des objets substitutifs qu’il pense maîtriser, la nourriture dans la boulimie, drogues,etc.¨   C’est la même chose pour l’exercice physique. 

 
Alors, le dépendant est au  prise avec un problème grave de compulsion et sa dépendance revêt plusieurs formes, mais il fait face toujours à la même problématique. Aujourd’hui il n’y a de limite au problème de dépendance. La dépendance favorise une dépressivité chez les dépendants où elle place l’individu en position de repli sur lui-même dans un narcissime où l’obssession devient nocif pour son équilibre psychique et physique. Le dépendant est dans une dépressivité et son comportement de dépendance provient d’un manque d’idéal autre que lui-même et il vit un   amoindrissement de ses valeurs morales et spirituelles. C’est un malaise qui est individuel et social et qui vise tous les aspects de l’être humain. La personnalité du dépendant permet un climat de défaillance soit un malaise, une faiblesse et un manque. Sa problématique le pousse dans un ralentissement vital et sa dépression l’installe dans un doute généralisé . Sa recherche d’identité se traduit par une crise de l’intériorité.

  Pour conclure, le bigorexique est dominé par l’aspect du paraître et laisse pour contre l’être. Les impulsions de son égo sont survalorisées et ceci entraine une obsession sur son image de soi. Il vit un refoulement de l’être dont sa subjectivité au rapport libidinal éveille le narcissisme en lui. Son paraître envahi l’ensemble des aspects de son être où sa dépendance le plonge dans un univers superficiel grandissant qui est de survivre et non de vivre.

 
1- « Dépendance et conduites de consommation » p. 50

 

                                                              RÉFÉRENCES

 

                                                                    LIVRES

 

1-    Erhenberg Alain, L’individu incertain, Paris,Calmann-Lévy,1995.

2-    Lipovetsky, Gilles, L’ère du vide, Paris, Gallimard,1983

3-    R.Padieu, F.Beaupré, M.Choquet, R. Molimard et al. « Dépendance et conduites de consommation » Paris, 1997

4-    Glasser Wiliam, « Les Drogues Positives », 1997

 

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